lundi 12 octobre 2009

Si Adam Smith avait rêvé l'histoire de l'iPhone

Ici je parle énormément de politique mais je suis à la base un homme des technologies. Voici une occasion de faire un parallèle important entre ces deux mondes.

Tout d'abord la main invisible de Smith peut se résumer selon moi, comme étant cet élément positif qui fait que l'individualisme pousse l'individu à agir dans le sens de la communauté. C'est l'idée que l'intérêt des individus tende également vers l'intérêt de la communauté. Nous ne discuterons pas de l'hypothèse en elle-même, j'ai déjà écrit un article sur le sujet, mais je pense que je vais repasser sur ce point afin d'en développer la réflexion.

Quel lien avec l'iPhone ?

L'iPhone ne serait rien selon moi sans la plateforme qu'il a permis de développer : l'AppStore. Un moyen simple pour un utilisateur d'installer une application (payante ou non), mais également un moyen simple pour un développeur de distribuer son application.

Avant l'AppStore, le développeur ambitieux qui voulait espérer toucher sans beaucoup de moyens un public large devait passer impérativement par le web, ce qui devait de limiter quelque peu sa créativité.

Le développement d'application pour mobiles était hypothétique car la complexité de la distribution faisait que celle-ci était très coûteuse et donc inaccessible.

Le développement d'application pour PC de bureau était également compliqué, puisqu'à défaut d'apporter une sérieuse valeur ajoutée, il est exclu de réussir à vendre un logiciel à des particuliers (je grossis les traits). Qui plus est la mise en place de la distribution de l'application demandait des coûts importants pour assurer la sécurité des paiements et éviter des copies de l'application.

Apple n'est pas reconnu pour être un modèle de philanthropie, de nombreux défenseurs du logiciel libre pourrait vous expliquer que l'ouverture des systèmes n'est pas dans leur priorité et que sur ce plan l'AppStore est une belle illustration. La plateforme de distribution est fermée au possible, bloquant les contournements pour éviter que les commissions de la firme à la pomme ne s'envolent. Tout cela pour bien vous faire comprendre qu'Apple agît bel et bien dans son intérêt financier le plus direct : empocher un maximum d'argent.

Mais parallèlement à cela, le couple iPhone/AppStore présente plusieurs aspects intéressants :

  • L'iPhone n'étant pas un ordinateur, les besoins des utilisateurs sont liés à cette différence, pour le moment les attentes se focalisent sur des applications ayant une seule utilité ;
  • Les applications sont vérifiées avant ajout, leur installation est simple puisqu'elle se limite à l'appui sur un bouton ;
  • Les applications sont à des tarifs accessibles grâce aux micro-paiements ;
  • Les applications sont toutes sur un pied d'égalité.
Ainsi les utilisateurs achètent plus facilement, l'application s'installe toute seule, le système de paiement est uniformisé et sécurisé et les applications ne coûtent quasiment rien. Du coup, on peut voir l'émergence d'un tas de petits acteurs qui se lancent et qui y gagnent plutôt bien leur vie. Tout cela, simplement parce que les gros acteurs ne sont plus les seuls à pouvoir garantir la qualité (qu'ils "garantissaient" traditionnellement par l'effet de marque) et ils ne sont plus les seuls à maîtriser un processus de distribution lourd et complexe.

Pour Apple, le gain est impressionnant puisque c'est l'idée géniale qu'il fallait pour pérenniser les revenus de l'iPhone (1 milliard de chiffre d'affaire pour 2009), c'est également une activité à très bonne marge : 30 % de commission sur la vente d'applications et des coûts très limités (principalement une équipe de validation des applications).

La main invisible dans le monde réel, c'est quand une grande firme comme Apple développe avec succès une plateforme dans ses intérêts propres mais qui en fin de compte permet d'ouvrir un marché énorme sur lequel le coût pour les nouveaux entrants est limités. Ainsi ce marché est hyperconcurrentiel au plus grand bénéfice des petits acteurs et des consommateurs.


2 commentaires:

  1. Très bel article : oui le succès de l'iphone, de l'appstore est celui d'Apple, bien sûr, mais aussi celui des programmeurs qui tirent leur épingle du jeu, et celui des utilisateurs (comme moi) qui jouissent pour quelques euros de superbes applications.

    Oui : le doux commerce est un jeu où tout le monde gagne. Sauf les râleurs et les envieux.

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  2. Merci pour le compliment. Heureux de voir que tu retrouves du côté des gens satisfaits par ce beau marché ;)

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