dimanche 14 mars 2010

Abstention : la honte de la nation

On a du mal à relativiser après la victoire de l'abstention, les insultes fusent : "Salauds ! Des gens sont morts pour ça" ... il faut au moins reconnaître ça : un grand nombre de profs d'éducation civique se sont tuer à me le répeter : "faut y aller, faut y aller, ...".

Nos politiques s'y mettent également, il faut dire que ça pérennise le système dans lequel ils vivent et se remplient les poches. Le jour où les citoyens s'exprimeront seulement dans les urnes, ce sera la grande fête, un beau système bien huilé, comme c'est écrit sur la constitution. Cependant ledit système me parait pourri jusqu'à la moelle, avec plus de 52 % d'abstentionnistes, on ne peut pas dire de se taire à ceux qui proposent de changer nos modalités de décision politique.

Et ainsi ces 52 % d'abstentionnistes sont utils et bienvenue... Non, je ne pense pas qu'ils partagent tous mon diagnostic, mais néanmoins beaucoup sont dégoutés par le côté mollasson du système et l'aspect partisan.

Les abstentionnistes se divisent en deux partie :

  • Ceux qui s'en foutent (majoritaires). Et ceux là, franchement, je les remercie de pas se sentir obliger d'aller donner un avis qu'ils n'ont pas (au passage, je ne vois pas l'intérêt du vote blanc). Ces personnes sont souvent complètement désintéressées de la politique, le caractère complexe de la chose est d'ailleurs spécialement pensé pour elles, ça en fait moins à convaincre. Ces gens là existeront toujours, je ne vois pas de raison de les blâmer outre mesure. On peut seulement leur opposer que tout le monde devrait s'y pencher un minimum... On vous prend votre argent, essayer de comprendre ce que l'on en fait est un minimum.
  • Ceux qui "voteraient bien, mais bon...". Ceux-là, je les connais bien : j'en suis. Je trouve l'offre politique française d'un plat hallucinant, le taux de renouvellement des partis est ridiculement bas, et le fait que les modes de scrutins renforcent les gros partis n'aide en rien.
Segmentons à présent les votants :
  • Les votants (majoritaires) qui pourraient appartenir à la première catégorie des abstentionnistes mais qui y vont quand même... Alors ceux-là, ils poussent des cris d'orfraie face à l'abstentionnisme... Faut dire que eux vont voter mais sans savoir trop pourquoi, du coup ils ne comprennent pas ceux qui font l'inverse... Comprendre, c'est pas leur fort, voyez-vous. Vous en connaissez tous des comme ça : une petite vieille qui va voté pour M. Machin, parce qu'il est gentil et qu'il lui envoie un beau panier garni à Noël ou alors un étudiant à qui on a bien bourré le mou et qui veut pas que Gavroche soit mort pour rien. On peut également rangé ici les partisans, les "moi, c'est Jean-Marie", les "moi Sarkozy, j'sui fan", les : "moi je suis socialiste", ce qui est une façon de dire : "Moi je lis pas les programmes, je mets juste un nom"... le branding à son zénith ;
  • Les "vrais" votants, je veux dire, ceux qui vont voter en sachant pourquoi... Là, on arrive presque dans la rareté.
Personnellement, j'ai du mal à bien comprendre pourquoi on blâme tant les abstentionnistes, leur liberté inclue un droit de rester chez eux non ? Ils n'ont le plus souvent pas envie de s'intéresser, c'est pas très intelligent, mais ce n'est pas un crime et il serait contre-productif de les forcer. Et, pourquoi ignore-t-on tant tous les moutons qui "vont voter pour le parti" ?

Illustration venant d'ici


10 commentaires:

  1. C'est pour cette catégorie (dont je fais partie aussi) que le vote blanc (compté) serait utile:

    Ceux qui "voteraient bien, mais bon...". Ceux-là, je les connais bien : j'en suis. Je trouve l'offre politique française d'un plat hallucinant, le taux de renouvellement des partis est ridiculement bas, et le fait que les modes de scrutins renforcent les gros partis n'aide en rien.

    Ca voudrai dire,"je m'interesse à la politique mais vous ètes tellement merdiques ..."

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  2. Oui, personnellement, je ne sais pas si ça me ferait me déplacer... Puisque de toute façon le vote blanc ne change rien.

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  3. J'ai, pour la première fois, voté blanc, ne cautionnant cette fois-ci aucune liste en lice, même plus par défaut. J'ai glissé symboliquement un texte de Frédéric Bastiat (initiative du collectif Antigone) dans l'urne avec le modeste objectif de pouvoir, peut-être, réveiller une ou deux victimes de l'hypnose du "socialisme débridé" que l'on nous sert comme pitance, à droite comme à gauche, à mon (dé)goût.

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  4. Cette initiative m'a fait sourire, l'idée était amusante. Tristement, j'aimerais bien voir avec quelle facilité on détruit un tel pamphlet au dépouillement.

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  5. Il y a aussi le fait qu'une élection ne se gagne jamais à une voix près. Un calcul parfaitement rationnel t'indique donc qu'il vaut mieux rester chez soi plutôt que perdre une demi-heure pour rien du tout :)

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  6. Il me semble que quand on parle des bons sujets, les gens se déplacent, la preuve en 2007 qui a été une campagne un peu moins naze que d'habitude. Ainsi, ce n'est pas un manque de civisme qui convainc les gens à ne pas aller voter, mais bien parce que nos Politiques sont tellement des tanches qu'un bon nombre de personnes estiment qu'ils ne méritent pas un déplacement dominical...

    Remarque, on ne peut guère blâmer les abstentionnistes : entre Tanche N°1 et Tanche N°2, pas facile de trancher, d'autant qu'écotanche N°3 contribue avec une belle vigueur au vide sidéral des idées...

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  7. On peut avoir un lien vers le texte de Frédéric Bastiat? ;)

    Euhh, tout à fait d'accord sur le moutonnage de certains votants et non-votants. Et quand on voit la tronche des programmes (reçus dans la grosse enveloppe postale) en Bretagne je suis étonné de certains scores! Même si je n'ai pas voté pour eux je n'aurais pas mis le même ordre d'arrivé pour certains partis… qui méritaient plus et moins de voix.

    Par contre oui, je râle contre les abstentionistes, mais ceux qui défilent dans la rue! Après tu peux être contre les choix proposés mais dans ce cas libre à chacun de monter son propre parti et de défendre ses idées. Ben oui, on en a du bol dans ce pays mine de rien!

    Donc que ceux qui ne votent rien se taisent ;)

    Question débat sur la campagne, effectivement je ne sais pas trop quel est le pouvoir de la région. Entre les listes syndicales, ceux qui veulent que la Bretagne soit une réserve de bouzeux et les gens qui veulent voter contre des gens "pas assez proches", je n'ai vu que 2 programmes qui étaient concrets.

    Un argument de campagne que j'ai pas pigé: comment la région (de gauche) peut promettre de sauver et créer des emplois que l'état (à "droite") annihile? Ca voudrait dire qu'il s'agit d'emplois dont la région à la charge ou la région veut être kalif à la place du kalif?

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  8. Si tu veux un peu de lecture sur Bastiat tu peux trouver l'intégralité de son oeuvre sur bastiat.org

    Pour ce qui de monter son parti, ton propos tend à dire que soit tu montes ton parti, soit tu es intégralement d'accord avec un autre parti, soit tu fermes ta gueule... Un peu bancale non ?

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  9. Ne sois pas si manichéique. Même au sein de ton propre parti tu ne peux être d'accord avec toutes les idées (voire une bonne partie) au moins d'en être le dictateur.

    Si tu estimes que tes idées méritent d'être appliquée, tu consens à fournir l'effort qu'il faudra (toi et tes soutiens). Bien sûr plus ton idée est différente de celle du voisin plus il sera facile de te démarquer. Après, si tu te bats pour une subtilité c'est plus chaud…

    …dans le cas où le citoyen moyen vote pour un programme et non le parti qu'avait soutenu sa grand-mère.

    Mais tu peux participer à la vie politique. Lis du Montesquieu avant car c'est beaucoup de couteaux dans le dos et de gueule dans les graviers pour, éventuellement, un quart d'heure de gloriole.

    Et effectivement, mais comme dans toute compétition non-bisounours, il faut plutôt savoir assassiner les gens.
    Comme je te disais l'été dernier, il y a 2 façons d'être le meilleur: soit t'efforces à être le plus compétent, soit tu es le seul…

    Avant d'aller lire Bastiat, un proverbe (espagnol je crois) à méditer. Il dit quelque chose comme: "si ton ennemi est enlisé dans les sables mouvants jusqu'aux genoux tends-lui le bras, s'il est enlisé jusqu'aux épaules appuie-lui sur la tête… ;)

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  10. Je le garde ce proverbe espagnol, il est bien. Pour ce qui est de la participation à la vie politique en effet, je peux y participer... Dans le cas où je déciderais le contraire celle-ci influencerait néanmoins ma vie...

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