mercredi 7 septembre 2011

Sucker Punch

L'usage de support vidéo est souvent utilisé pour relater des histoires, ce constat pourrait convenir à l'usage de support texte si on y avait également observé des oeuvres moins structurées autour d'événements qui se concentrent plus sur la forme, les sentiments ou des situations dépourvues de finalité.

Cette absence de finalité qui se distingue dans l'absence d'originalité du scénario est le premier reproche que j'entends souvent dire à l'encontre du film de Zack Snider, Sucker Punch, mais ce n'est pas l'élément qui me dérange puisque selon moi l'intention du réalisateur et scénariste était, pour l'occasion, de donner un cadre à l'expression de visions quasi oniriques plutôt de construire une histoire faisant sens par elle-même.

La platitude de nombreux dialogues et les noms plus ou moins débiles donnés aux personnages sont les seuls reproches que j'ai envie de faire sur ce plan. Je trouve que ces éléments contribuent à donner un sentiment mitigé au spectateur, qui risque d'oublier qu'il faut regarder ce film comme on regarderait un tableau.

Ne nous étendons pas sur l'histoire qui n'est là que pour donner un cadre à ce qui peut s'avérer être une succession de clips de musique donnant lieu à des visions d'artistes totalement décallées. Au milieu de cet univers on y voit l'évolution de jeunes femmes dans des situations tantôt pesantes, tantôt simplement loufoques, tantôt habillées en héorines de manga sur une reprise des Stooges tantôt équipées pour une version porno de la seconde guerre mondiale sur, il me semble, une reprise de Led Zeppelin (ma mémoire peut me faire défaut).

Vous l'avez peut-être compris, c'est un film très masculin où le budget maquillage et costumes sexy ne devait rien avoir à envier à celui des effets spéciaux. Certaines scènes semblent avoir été pensées par un otaku fan du seigneur des anneaux qui auraient gagné un abonnement Playboy à vie avec mise à disposition du manoir qui a fait la réputation du propriétaire du célèbre magasine. Mais qu'importe ! J'aime voir au-delà de l'aspect quelque peu primaire de ce premier sentiment, Sucker Punch présente un réel travail de construction de situation qui trahit un sens de l'esthétique nouveau pour le cinéma, c'est le passage sur grand écran de quelque chose qui aurait pu encore rester très longtemps à l'exclusivité de visions d'artistes assistés par stupéfiants et Photoshop.

Il faudra quand même reconnaître le bon goût dans la création débridée. En effet, j'éprouve un intérêt bien plus important à voir trois top-modèles en mini-short se refaire la bataille du Gouffre de Helm à coup de fusil d'assaut en écoutant une reprise de protopunk plutôt qu'un remake du procès Clearstream avec Flipper le dauphin en avocat de la défense et Pétain au poste de procureur sur une bande son de R'n'B sponsorisée par le conseil général de la Seine Saint Denis.


4 commentaires:

  1. Salut, je n’ai pas vu en Sucker Punch qu’une suite de clips, même s’il en a la forme.
    J’ai justement énormément apprécié la base du scénar avec la mise en abyme du personnage central qui refuse sa propre réalité, que nous pouvons néanmoins suivre à travers ses délires oniriques.
    Ces fuites de la réalité, voire même de la réalité de la réalité, élément central du film, sont assez bien soulignées par la musique – ça commence avec une reprise du White rabbit de Jefferson Airplane pour le premier ‘délire’ ; ce qui est assez explicite !
    La fin est d’ailleurs assez fine, avec le refus du personnage centrale de retomber dans sa réalité virtuelle : c’est l’un des 2 seuls moments où il fait face, avec la première scène. Ça permet justement d’apprécier à sa juste valeur sa façon de refuser la réalité qui lui est imposée.

    Par ailleurs, la façon dont le réalisateur nous permet de suivre les évenements dans la réalité première est assez fine. Dommage à ce propos qu’il se fasse un peu plus pied plat vers la fin pour être bien sur que tout le monde ait compris…
    Alors bien sur, il y a tout l’univers visuel du clip et des jeux vidéo (qui trouver, quoi faire, le tout très didactique), et la virtuosité de Snyder pour le mettre en scène – même si les ralentis finissent par agacer. Mais il y a beaucoup plus que cela. Et ça aurait certainement mérité un peu plus de place au milieu des playmates à gros calibres et des méchants à buter…

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  2. J'aime beaucoup le commentaire anonyme qui me semble apporter un nouveau regard intéressant.

    @Le Parisien Libéral: le film est sorti en DVD il me semble (pour le coup, il vaut le coup en HD je pense, un achat de blu-ray peut se justifier).

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