jeudi 24 mai 2012

Ce que l'Etat sait de vous par le biais d'Internet

Il y a quelques mois j'ai écris un article vous détaillant ce que Facebook et consors pouvaient savoir de votre vie. Ce serait malhonnête de ne pas venir parler sur l'Etat autour de ce même sujet.

Vous ne devriez pas avoir confiance en l'Etat, parce que même si vous pouvez penser qu'il est aujourd'hui une entité de laquelle vous ne devez rien avoir à craindre, je pense qu'il est illusoire de penser que le temps des dictateurs sanguinaires est derrière nous pour toujours.

Pour commencer, l'Etat a accès à toutes les informations qui peuvent vous concerner chez les acteurs privés, potentiellement avec un soutien légal, parfois avec simplement avec celui de la force ou de la menace comme dans les dictatures arabes qui sont en train de s'effriter :

  • Réseaux sociaux
  • E-mails
  • Opérateurs téléphoniques
  • GPS
  • Banques (d'ailleurs, si vous pouviez arrêtez de payer en espèce, ce serait gentil !)
Sur un plan légal, vous pouvez penser qu'il y a des contrôles autour de ce qu'il peut s'appeler un viol de votre vie privée. C'est de moins en moins vrai. Ca ne l'est pas grâce à MM. Ben Laden, Bush et Obama aux USA par le biais du Patriot Act. En Europe et en France particulièrement il y a des tendances visant à "mater Internet", à l'asservir au contrôle des états. L'affaire Merah a permis à Sarkozy d'ouvrir encore quelques portes. Au-delà des accès sans besoin d'accusation, les états constituent d'abord des obligations des fichages chez les acteurs privés, par exemple, le gouvernement francais en forçant le stockage par les fournisseurs d'accès de vos données d'achat, de communication ou de navigation, on s'assure d'avoir ces informations à portée de main.

Le future de ces pratiques est d'établir des pratiques similaires à celle des USA, les acteurs privés doivent ouvrir leurs bases de données dans le cadre de la lutte antiterroriste, elles n'ont aucun droit de prévenir leur client que leur données sont lues par telle ou telle entité gouvernementale... Si vous utilisez GMail par exemple, vos e-mails sont automatiquement analysés à la recherche de mots-clés au cas où quoi.

En fait, même en oubliant les caméras de sécurité qui peuplent avec insistance et enthousiasme toutes les ruelles des pays civilisés, l'Etat peut facilement avoir accès à vos données bancaires, combien vous avez payé, pourquoi, quand. Il peut demander quels sites vous avez visités, voir ce que vous y avez fait. Avec vos données de mobiles, on a une petite idée d'où vous étiez, d'à qui vous avez parlé.

Les contraintes juridiques ne constituant qu'un mur de paille qui s'embrase rapidement. Votre seule sécurité réelle pour le moment c'est le niveau de la technique : regrouper ces données n'est pas une chose facile et coûte très cher, les analyser efficacement et automatiquement est du domaine de la recherche. Fermez les yeux, rentrez dans la tête d'un de ceux qui dirigent les hommes : imaginez un monde où automatiquement vous savez si vos serfs, pardon, vos citoyens, payent leur impôt et/ou complotent contre vous. Voici un cauchemar qui pourrait devenir réalité, et qui en tout cas représente un projet vendu à coup de lutte contre les pédophiles et les islamistes, peut-être un peu contre les riches aussi...

Peu d'entités s'opposent à cette tendance.

Quelques sociétés dans la mesure où cela menace leur business, mais pas plus que celà puisque ça augmente confortablement les barrières à l'entrée sur leur marché et ça leur évite quelques tracas autour de la concurrence.

Peut-être aussi quelques associations considérées comme des allumés conspirationnistes du genre de la Quadrature du Net.

La chose qui peut sauver votre vie privée dans le futur, c'est peut-être la technologie et la science qui travaillent à offrir des projets comme TrueCrypt, Bitcoin ou encore Freenet.

La petite morale de cette histoire est donnée par Korben : «TOUT CE QUE TU METTRAS EN LIGNE, TU DEVRAS LE CONSIDÉRER COMME PERDU ET PUBLIC À TOUT JAMAIS. BORDEL.»

Have a nice day !


mardi 8 mai 2012

Diminution du temps de travail et développement de l'humanité : entre réalité et idéologie

Le début de ce billet est un échange dans lequel on m'a dit que Poutou avait pour projet très simple de diminuer le chômage avec une recette simple : tant que l'on a pas le plein emploi, on diminue le temps de travail. J'ai du mal à mettre la main sur une déclaration complète, quelques idées de fond qui s'en rapprochent c'est tout

De manière générale, on note que tous les discours autour de la diminution du temps de travail tendent à la justifier par l'idée de donner au salarié un confort supplémentaire, tout en créant des emplois. Quand on parle de diminution du temps de travail, on l'entend généralement à salaire égal. Ainsi même si la proposition ci-dessus n'était pas exactement celle proposée, elle exacerbe une idée que j'aimerais discuter ici.

J'aimerais donc vous structurer un peu plus cette idée :
  1. On manque d'emploi
  2. On diminue le temps de travail par salarié
  3. La quantité de travail à réaliser étant la même, on a besoin de plus de salarié pour la même activité
  4. Conclusion : on crée de l'emploi.
En dehors du fait que j'estime que l'état n'a pas à se préoccuper de combien de temps vous acceptez de travailler en échange de quel salaire, que ce doit être une affaire privée, je vous propose de nous pencher un peu sur une analyse économique de cette idée.

Penchons-nous simplement sur une autre compréhension du phénomène, peut-être plus proche d'une réalité économique. Oublions le concept éthéré et macro économique de chômage, regardons à l'échelle d'une entreprise :
  1. L'entreprise vend une certaine quantité de biens : Q, cette quantité est liée à la demande du marché et la compétitivité de l'entreprise.
  2. On diminue le temps de travail par salarié tout en maintenant les salaires.
  3. En conséquence, l'heure de travail coûte plus cher.
  4. L'entreprise, pour produire une même quantité, doit payer plus cher (car elle a besoin de plus  de salariés).
  5. Cette augmentation des coûts déclenche une augmentation des prix au niveau de l'entreprise
  6. L'entreprise vend désormais une quantité de produit Q', Q' étant inférieure à la quantité de départ Q, un marché consomme moins de produit, si le prix de ceux-ci augmentent.
  7. L'entreprise consomme donc moins de travail (en terme horaire) qu'auparavant et rien ne garantit qu'elle emploie plus de monde. La seule certitude est que l'entreprise avant demandait plus d'heure de travail au marché du travail et qu'elle produisait plus.
  8. Si elle est dans un contexte international, elle est seule à voir ses coûts augmenter face à sa concurrence internationale... Il n'est donc pas improbable qu'elle vende beaucoup moins.
  9. Conclusion : tant qu'on a du chômage, on diminue la compétitivité des entreprises et donc on créé du chômage.
Une considération plus libérale vise à voir la diminution du temps de travail différente. Dans cette conception certains travailleurs décident qu'ils préfèrent voir leurs revenu en échange de plus de temps libre, ils acceptent donc une diminution de leur temps de travail mais liée à une diminution de leur salaire. Cette diminution du temps de travail n'entraine aucune diminution de la compétitivité ou une diminution minime de la productivité liée à une augmentation des coûts de management.

edit: Pour reprendre, un commentaire plus bas au sujet du SMIC : "Tous ceux dont la productivité marginale est moindre sont dans une trappe à inactivité."


dimanche 6 mai 2012

Le mensonge au programme des écoles de journalisme

Les journalistes qui peuplent la télévision française sont ce qui doit se faire de pire à l'échelle mondiale dans leur profession à l'heure actuelle. Les images de cette soirée du 6 mai 2012 méritent de venir constituer un monument en hommage à la bêtise humaine et de l'hypocrisie.

L'hypocrisie dont nous affublent nos institutions interdit de divulguer les résultats des élections avant une certaine heure. Naturellement les médias étrangers, eux, ne se gênent pas de faire quelques sondages et estimations. L'information, tout le monde la connait. Le cocasse arrive lorsque la horde d'indécents qui peuple la télévision prétend comme un seul homme ne pas connaître ce qu'on l'interdit de divulguer.

Ces scènes sembleraient presque extraites des archives cubaines, coréennes ou soviétiques. On y voit une foule chanter la victoire d'un candidat en arrière plan, et au premier plan, en contraste total, un homme ou une femme déclarer, le visage blême et l'air grâve, le suspens intenable qui tendent l'atmosphère.

Ca a le mérite de nous éclairer un peu sur le niveau d'honnêteté qui doit éclairer leurs écritures et reportages. Seuls, de leur propre chef, ils se sont tous obligés à mentir en singeant celui qui n'avait pas l'information, peut-être de peur que l'on ne voit les chaines et les baillons qui les empêchent de jouer leur rôle.

N'imaginons pas ce qu'ils peuvent faire sous quelques pressions politiques ou sous une incitation financière quelconque.


François Hollande : la fin des faux semblants, la vue d'un abstentionniste

L'élection de François Hollande me fait sourire. Elle va peut-être mettre fin à l'hypocrisie totale qui s'exprime dans notre joli pays.

Tout d'abord, ça va nous éviter les laïus des gens de droite se masturbant sans concessions aucunes sur un bilan qui relève plus d'un fantasme que d'une réalité. Les faits sont là, des scores similaires à 2007, Nicolas Sarkozy a été à François Hollande ce que Ségolène Royal a été à Nicolas Sarkozy, un épouvantail.

J'avais écrit un article avant l'élection énumérant toutes les bonnes raisons que l'on pouvait avoir de ne pas revoté Nicolas Sarkozy. Je ressens l'échec de Nicolas Sarkozy comme une vengeance face à l'absence de principes dont il a su faire preuve. Quel que soit le candidat qui s'y substitue, l'absence de principe doit être sanctionnée.

Je doute que François Hollande tire plus le pays vers le bas que n'a su le faire son prédécesseur, non que je ne reconnaisse pas son potentiel, mais c'est simplement que je pense que l'on s'est un peu trop brisé les mains en applaudissant le génie de son prédécesseur.

Ça risque de casser un peu les pattes à tous ceux qui nous chantent les gloires de la France dans l'accomplissement de la gestion de la crise. Si les riches pouvaient partir, si les doués pouvaient partir, si les travailleurs pouvaient partir que l'on laisse à la France la population qu'elle mérite et celle qu'elle veut.

Même si elle l'était déjà sous Sarkozy, ce sera peut-être l'occasion de reconnaître que la France est un pays socialiste.

Que le socialisme fasse mal, qu'il ait un réel poids sur l'économie du pays. Contrepoints annonçait qu'en une décennie l'expatriation avait doublé, plus ce serait encore mieux. Les gens qui se font pomper leur salaires sont des victimes, mais leur inaction peut faire d'eux des coupables involontaires. Le socialisme est à mon sens immoral, ce serait beau que l'immoralité se révèle couteuse. Bref l'espoir c'est que l'on touche de le fond.

Je viens d'entendre Ségolène Royal parler d'un plafonnement du prix de l'essence, les problèmes risquent de débarquer avec entrain.


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