mercredi 28 novembre 2012

Der Untergang

On dit que l'histoire est écrite par les vainqueurs, c'est assez vrai lorsque l'on regarde les films qui parlent de la seconde guerre mondiale. Je n'ai pas souvenir d'en avoir vu beaucoup comptant ces années depuis le point de vu des allemands. Attention légers spoilers.

Der Untergang, La Chute en français, raconte les derniers jours de la vie d'Adolph Hitler. Cerné par les forces soviétiques au sein de son dernier bastion berlinois sous le regard le regard de sa secrétaire, Traudl Junge, il est devenu le pantin d'une guerre qu'il a perdu. Cette histoire est celle de la prise de conscience du Reich que la défaite et présente et que le national socialisme devra encore attendre quelques années.

Hitler n'est pas forcément présenté sous le masque d'un monstre sanguinaire qu'on aime généralement lui attribuer. Il a des idées qui ne sont peut-être (voir certainement) pas celles du spectateur mais il a aussi des émotions. On le voit sous l'angle du leader qui ne veut pas accepter la défaite, il navigue entre résignation et délire. A dire vrai le seul personnage vraiment odieux et détestable en tout point est celui de Goebbels, le ministre de la propagande.

Face à la défaite on observe aussi le comportement des généraux du Reich divisés en deux attitudes, de ceux qui veulent éviter les morts inutiles et de ceux, jusqu’au-boutistes qui ne veulent pas renoncer à leur honneur ni s'offrir un deuxième traité de Versailles et préfèrent le suicide de la nation à sa reddition. L'archétype de cette orgueil mal placé est peut-être le couple Goebbels qui préfère empoisonner ses enfants qui "sont trop bons pour un monde sans national socialisme". In fine, j'y ai vu une intéressante opposition entre un pragmatisme pensant au futur et un patriotisme forcené qui voit dans la mort une ultime gloire.

L'horreur de la guerre est dépeinte dans tout ce qu'on lui a donné pour s'exprimer en cette année 1944 à Berlin : des enfants soldats, aux épurations de dernière minute en passant par les mutilés de guerre. Je pense qu'elle est à mettre en parallèle avec l'humiliation (du moins selon les manuels d'histoire) qu'a ressentie le peuple allemand à la suite de sa défaite lors de la première guerre mondiale. La volonté de ne pas revivre cette humiliation est souvent présentée comme la première des raison de ne pas accepter la rédition et donc les horreurs de cette politique de la terre brulée.

A voir autant pour la qualité de la réalisation que pour sa valeur historique.


mercredi 7 novembre 2012

Skyfall

Soyons prévenu immédiatement vous avant la lecture, moi avant l'écriture, cet article risque de spoiler un poil. Skyfall est à mon sens un des pires 007 qui ait été réalisé, même devant Aux Services Secret De Sa Majesté qui n'était pas vraiment un des chef d'oeuvres du septième art. Je vais donc me passer les nerfs en mentionnant les quelques points qui sont vraiment pires que d'habitude, j'épargnerais les incohérences que l'on trouve traditionnellement dans un Bond, qu'il s'agisse de ses attentes longuettes d'un sociopathe pour mettre fin à la vie de James ou encore des sessions piratages de moins de 10 secondes à travers 1000 ordinateurs proxy dans le monde pour contrer à un algorithme de cryptage asymétrique ou encore le crackage d'un cryptage oméga ayant pour mot de passe le nom d'une station de métro.

La seule chose qui tienne la route ce sont les effets spéciaux, même la réalisation est douteuse par moment. Mais nous allons commencer par mettre le scénario au feu dans la mesure où c'est là que prenne naissance la moitié des défauts du film.

La propagande

Premier point, sans lequel je n'aurais peut-être pas écrit cet article. Ce film est un film de propagande, le scénario est le meilleur geste de l'Angleterre pour montrer son application dans l'organisation la mise à mort Wikileaks. Si vous avez un doute quand à la véracité de mon affirmation regardez ce petit comparitif entre le méchant Silva (interprété par Javier Bardem) et Julian Assange : philtrum prononcé, cheveux blonds platines, front large, lèvres relativement charnues.

Par ailleurs, le "business" du méchant est un élément complètement connexe à l'intrigue pourrie détaillée dans le point suivant, il se trouve qu'on a choisit que celui-ci soit un terroriste freelance. Sa dernière lubie ? Balancer une liste des agents des pays de l'OTAN actuellement sous couverture, c'est pas pour un client, c'est juste pour le fun et la balancer sur Internet en emmerdant M. Ce point n'a aucun intérêt dans le scénario, il permet simplement d'imbriquer ce chainage visuel : mec au cheveux décoloré qui fait de l'informatique et diffuse des infos au grand public = terroriste meurtrier.

Le point culminant de ce discours est peut-être une diatribe de M sur fond visuel d'un méchant qui tue tout le monde, M développe un argumentaire implacable expliquant que si les gens ont peur, il faut laisser les services secrets être secrets.

Ce film est un bon bourrage de crâne avec du placement de produit Sony, la marque cherche-t-elle a compenser son incompétence dans la sécurisation de ses plateformes ?

Pour répondre à la mise en ambiance, il n'y a à ma connaissance aucune vie humaine qui a été coutée par les révélation de Wikileaks dans la mesure où celles-ci ont toujours lieux après une phase de discussion avec les gouvernements.

Les frustrations d'un vieux scénariste

Toutes les motivations de second ordre des personnages semblent justifiées par leur âge, ils semblent tous avoir des choses à prouver. "La jeunesse n'est pas gage d'innovation" et les diatribes des uns et des autres tendant à montrer un Bond triomphant comme le garant des vieilles valeurs traditionalistes :
  • Un petit jeune remplacant Q fait une remarque plutôt profonde sur l'analyse d'un tableau, Bond répond un truc plat, amusant sur le coup, et qui au fond rentre bien dans le personnage du gros con qui méprise toute culture sous prétexte qu'elle n'est pas la sienne
  • Fusil de chasse contre fusil d'assaut
  • Vieille Aston Martin
  • Vieille rancoeur et préjugés contre la jeunesse qui a l'audace de faire des choses, un peu de courage chez les scénaristes (qui sont trois quand même) et on aurait pu voir un peu James finissant par se taper M par simple militantisme et patriotisme.
L'enjeu

Dans Casino Royale : le "méchant" blanchit de l'argent d'activités illégales, dans "Quantum of Solace" : le méchant veut contrôler l'eau dans le monde. Dans "Skyfall" : le méchant veut tuer M pour un grief personnel, du genre "tu m'as trahis".

Si dans Moonraker l'extermination de la vie humaine sur terre était peut-être un poil too much côté enjeu, je pense que l'assassinat d'un fonctionnaire pour une erreur dans le traitement d'un dossier est un poil légère.

Le déroulement du scénario

Le méchant veut tuer M, mais pas de bol pour lui, le scénariste a décidé que non. Alors bien qu'ayant accès aux locaux du MI6 et à l'emploi du temps de M, il fait volontairement exploser son bureau sous ses yeux, juste pour lui foutre les boules, parce qu'il est vraiment méchant le méchant, c'est un petit sadique.

Comment retrouver le méchant à partir d'un simple tueur à gage ? Il suffit de retrouver le dit tueur (appeler la CIA en cas de problème) et comme il ne change pas d'employeur, il n'y a qu'à remonter la piste. Le méchant devait donc se faire capturer.

Bien qu'étant un sociopathe fou de rage en plein fusillade, notre ami aux attentions meurtrière arrive devant M, l'ajuste les yeux injectés de sang et tire une seule balle, coup de bol il touche un figurant héroïque. C'est le seul moment où il ne tire qu'une balle, mais là c'était important.

Le méchant sait où Bond se cache, il arrive donc trois semaines après et envoie d'abord une équipe surarmée en reconnaissance avant d'arriver pour pouvoir voir le cadavre de ses hommes.

Le manichéisme

Ce film est reposant de simplicité, les méchants contre les gentils, pas une petite once de trahison, l'informatique et les méchants pirates font tout ce qu'aurait fait les traitres d'un James Bond 10 ans plus tôt. Les gentils sont là pour sauver leur patrie, le film se termine par un plan de James Bond avec un drapeau anglais. Il est là pour sa patrie, rien ne l'arrêtera.

Le saut à moto

Dès les premières minutes du film Bond est pris dans une poursuite et son ennemi saute d'un pont pour atteindre un train, dépité James fonce dans une rambarde relativement massive : problème la rambarde gagne et James s'offre d'un vol plané avec sa moto. Humour ou mauvais goût ?

Les chutes dans l'eau

Lorsqu'un corps humain tombe dans l'eau, il coule à pic. Archimède peut aller se rhabiller, mais dans les combats sous marin de Skyfall les corps coulent.

La dernière mission de Patrice

En écrivant cet article je repensais au dernier assassinat du tueur à gage sous le regard condescendant de Bond. L'homme payé 4 millions d'euros tue deux gardes de sécurité d'un gratte ciel, monte, découpe la vitre, sort un fusil qui a l'air de couter très cher, ajuste. La cible arrive, elle s’assoit dans un salon, on lui présente un tableau qui n'est pas sans rappeler Le Cri de Munch (qui doit coûter environ 20 fois les services du tueur), le tueur aligne sa cible avec, dans le prolongement de celle-ci, le tableau, il abat la cible d'une balle. A ce moment, les autres personnes dans la pièce ne cillent pas et se contentent d'emballer le cadavre. On les comprend complices

Qui peut penser à un coup monté aussi improbable ? On engagerait un tueur à gage à plusieurs millions simplement pour donner le change tout en risquant une toile de maitre ?

Tireur de train d'élite

Le méchant a tout prévu c'est donc au bout d'une poursuite de 10 minutes dans les égouts et le métro qu'il est rattrapé par Bond et fait exploser un mur qui fait jaillir un train pile sur notre ami James. Je vous le dis, je vous le répète, ne fréquentez pas de personne calculatrice, c'est trop dangereux pour vous !
Grenades nocturnes

Dans une des dernières scènes un hélicoptère se pose sur fond d'un soleil d'après midi, trois grenades plus tard, il fait nuit noire. C'est que c'est traitre un ciel d'Ecosse.

Petite ballade nocturne

M s'enfuit à travers la lande écossaise en pleine nuit, alors que, 300 mètres derrière elle les méchants s'affairent à détruire une maison. Question : que fait-elle ? Réponse : elle utilise une lampe torche. L'équivalent de la balise GPS du début du XXème siècle. Conséquence : on la voit cette vieille buse !


Attendez qu'un de vos amis soit assez fou pour acheter le DVD ou procédez par d'autres moyens mais je vous déconseille d'aller voir ça au cinéma même si ça occupe quelques heures.



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